Son apparence peut presque se confondre avec celle d’une clarinette, et pourtant, le son produit par le hautbois est totalement différent ! Sans le savoir, vous avez sûrement déjà entendu les tonalités douces, rondes et chantantes de cet instrument de la famille des vents :
Le hautbois, dans ses formes primitives, remonte à l’Égypte antique. Il est actuellement très répandu dans les pays islamiques, essentiellement dans la musique populaire.
Déjà bien présent au Moyen Âge, il connaît son âge d’or en France, au 17e siècle. Jusqu’alors cantonné dans la musique populaire et militaire, il est introduit à la cour par les facteurs d’instruments, Jean Hotteterre et Michel Philidor. Dès cette période, il sera intégré à l’orchestre.
Au 19e siècle, il connaît la même évolution que la flûte à bec : avec son nombre élevé de trous le rendant difficile à pratiquer, Frédéric Triébert lui applique le système de clés, inspiré par Boehm. Progressivement, différentes améliorations au cours du 19e siècle conduiront le hautbois à la forme qu’on lui connaît aujourd’hui.
Apprendre le hautbois, c’est s’ouvrir à une large gamme d’instruments de la même famille qui se jouent de manière similaire : le hautbois musette, plus petit, le hautbois d’amour, un peu plus grand, jusqu’au cor anglais, plus grand que le hautbois.
Pouvez-vous nous présenter votre instrument, le hautbois ?
Le hautbois est un instrument qui fait partie de la famille des vents. On souffle donc dedans pour créer le son. C’est un instrument qui comme son nom l’indique est en bois, généralement en ébène, et haut, car on va jouer des notes qui sont plutôt aiguës. En cela, il s’oppose au basson qui lui produit des sons graves. Ils ont pourtant un point commun : ils sont les deux seuls instruments à vent à posséder une anche double, contrairement à la clarinette ou au saxophone qui sont pourvus d’une anche simple. Une anche double consiste en deux petits morceaux de roseaux placés l’un sur l’autre, attachés avec un fil. Lorsqu’on souffle à l’intérieur de ces deux lamelles de roseaux, elles entrent en vibration et cela crée le son.
Quel rôle occupe le hautbois dans l’orchestre ?
Dans l’orchestre, il a un rôle très important, car c’est lui qui donne le « la ». On peut dire qu’il accorde l’orchestre en produisant la première note et tous les autres instruments se basent sur lui pour jouer ensemble. Comme c’est un instrument « chantant », qui se rapproche beaucoup de la voix, de nombreux compositeurs ont écrit de très belles mélodies pour cet instrument et on l’entend souvent jouer en solo. Lorsqu’on sait le distinguer, on remarque le hautbois partout !
Il est également très présent dans les bandes originales au cinéma. Ennio Morricone a écrit The Mission, un solo auquel on fait référence à chaque fois qu’on parle du hautbois dans la musique de film. Autrement, de nombreux petits morceaux de hautbois se retrouvent également dans les films de Disney.
Comment savoir si le hautbois peut me plaire ?
Les élèves qui choisissent le hautbois l’ont entendu et ont souvent eu un coup de cœur pour cet instrument. Donc, il faut aller l’écouter pour réaliser si l’on accroche avec le son, la couleur et le côté chantant du hautbois.
Dans un deuxième temps, essayer l’instrument permet de se rendre compte s’il nous convient au niveau de la morphologie. En expérimentant, et selon les sensations perçues, l’élève va lui-même percevoir s’il aimerait pratiquer le hautbois.
Y a-t-il des difficultés auxquelles être attentif ?
Ce ne sont pas des difficultés, mais il faut être conscient que c’est un instrument qui demande du souffle quand même. Il n’y a pas beaucoup d’air qui passe dans le hautbois, mais il y a beaucoup de pression, ce qui fait qu’il faut être tonique et en forme pour souffler. Cela sollicite également les abdos, car on soutient avec le bas du ventre. Ça maintient en bonne forme d’être hautboïste ! (rire).
À quel âge peut-on commencer à en jouer ?
Pas avant 6 ans, je dirais, mais cela dépend aussi de la motivation et de la morphologie. Pour les enfants plus jeunes, il existe un hautbois qu’on appelle « petite main ». Il est beaucoup plus court, plus léger et simplifié aussi, car il y a moins de clés. On l’utilise pour commencer, et après un ou deux ans, on passe à des modèles un peu plus grands. Mais c’est progressif. Il existe des modèles qui rajoutent des clés petit à petit, donc la taille n’est vraiment pas un problème pour commencer.
Du côté des anches doubles, je les fabrique pour les élèves. Je peux donc leur en fabriquer qui soient adaptées à ce dont ils ont besoin : s’ils n’ont pas beaucoup de souffle, je prévois une anche très facile pour que ce soit plus simple de souffler.
Et si un adulte voulait commencer le hautbois ?
Je lui dirais de se lancer ! (rire). Pour les adultes, c'est très bien, parce qu’ils sont plus matures et on peut aller davantage dans les détails. En fait ce qui est difficile avec les instruments comme le hautbois, c’est d’expliquer ce qui se passe à l’intérieur. Les adultes arrivent plus facilement à mettre des mots sur leurs ressentis. Donc oui, j’ai des élèves adultes, et ça marche très bien. Il n’y a pas de contre-indications.
Et que dire au niveau du solfège pour jouer le hautbois ?
On joue en clé de sol, c’est donc la clé qu’on apprend en général en premier. Et on n’a pas un registre très étendu de notes, deux octaves et demi, donc on lit assez vite toutes les notes. Ainsi, au bout de deux ou trois mois, les élèves savent déjà jouer une gamme. Ça va assez vite.
Dans quelles pièces le hautbois est-il mis à l’honneur ?
Des pièces pour le hautbois ont été écrites aux périodes baroques, classiques, romantiques… Il y en a trop pour être exhaustif ici, mais je citerais les airs de Bach, les Romances de Schumann. Mozart a aussi écrit un concerto pour hautbois et une sonate pour quatuor qui sont magnifiques.
Merci à Camille Giraudo de nous avoir fait découvrir le hautbois ! Si votre enfant est intéressé, n’hésitez pas à venir aux portes ouvertes où il pourra entendre et essayer cet instrument et bien d’autres !
Pour découvrir le hautbois en musique, écoutez… :
Marcel Ponseele, hautbois baroque
Les Romances de Schumann, par Albrecht Mayer
Concerto de Mozart, par Francois Leleux
Pour aller plus loin :